Un peu d'histoire
Dû à une demande croissante de production de fibres synthétiques, la production de laine est bien moins importante aujourd’hui que ce qu’elle a pu l’être par le passé. Cette modification dans l’offre et la demande, aux alentours des années 1960, a alors généré une chute des prix importante de l’ordre de 40%. De ce fait, la production fut considérablement réduite et les éleveurs ont cherché à trouver d’autres mode d’exploitation de leur troupeau notamment en les destinant à la filière viande. C’est ainsi que le traitement superwash (ou lavable) est apparut au début des années 1970 afin de produire une laine spécialement traitée qui ait la possibilité d’être lavée en machine, voire séchée au sèche-linge et s’adapter ainsi au marché.
generalités
Avant de rentrer un peu plus en détail sur le procédé chimique, quelques mots sur ce procédé en lui même. Le traitement superwash est appliqué par bains parfois successifs afin de lisser les écailles de la fibre, permettant ainsi d’éviter qu’elles s’accrochent entre elle et donc que votre laine feutre et / ou rétrécisse au lavage. Il résulte de ce processus une fibre dont la longévité sera prolongée, une durabilité comparable aux fibres synthétiques. Attention toutefois: compte tenu du fait que les écailles soient lissées et ne puissent pas “s’accrocher ensembles“, gardez en mémoire qu’une laine dite superwash aura tendance à être un petit peu plus “stretch” qu’une laine non traitée. Il sera donc plus important de réaliser un échantillon afin de pouvoir définir le pourcentage d’extensibilité de votre laine, et adapter en fonction votre projet.
Il faut également savoir que de part sa structure, une laine non traitée superwash sera plus sujette à boulocher qu’une laine dite superwash.
Pourquoi est ce que la laine feutre?
Pour comprendre pour quelle raison la laine feutre, il faut en premier lieu en comprendre sa structure. La fibre est composée d’une multitudes d’écailles, qui vont s’ouvrir sous l’effet de la chaleur et permettre ainsi à la teinture de venir se fixer. Sur une fibre non traitée, l’action du mouvement combiné à la chaleur ou l’action du choc de température vont faire que ces écailles vont d’ouvrir et “s’accrocher” entre elles avant d’avoir eu le temps de se refermer.
Ci contre une fibre non traitée & une fibre traité par bain de chlore.

Un traitement, trois procédés
traitement au CHLORE
Historiquement, le grand classique du traitement superwash est le bain d’acide réalisé à l’aide d’acide de permanganate et de l’acide de Caro (peroxymonosulfurique) qui étaient utilisés en tant qu’oxydants. Cependant, non seulement cette méthode n’est pas suffisante à elle seule, mais, en plus, elle endommage considérablement la fibre. Ainsi, ces méthodes d’oxydation furent remplacées par un traitement au chlore. L’acide dichloroiso-cyanurique est le chlore le plus utilisé et constitue la première génération de traitement superwash. L’alternative au traitement au chlore est le procédé de Kroy, qui est la seconde génération de traitement. Dans ce procédé, les fibres sont rapidement passées à l’hypochlorite et à l’acide hydrochlorique, généré par le gaz de chlore et une eau ayant un PH situé entre 2 et 2,5 . Ce traitement est parfois appelé “procédé de chlore à sec“. Ensuite, la laine subit un bain de neutralisation afin de la débarrasser des résidus de chlore. Cette étape s’appelle le pré-chlorage. Elle permet, en outre, d’augmenter la tension de surface de la laine (utile pour améliorer l’adhésion et la répartition du polymère sur les fibres, comme vous le verrez dans le procédé de Kroy-Ercosett mentionné plus bas).
Le résultat en est une modification de la structure de la fibre: il y a une destruction partielle des écailles (cf dessin ci-dessus). Partiellement détruite, les écailles s’accrocheront moins entre elles.
Le bain dE polymère
Une des méthodes de traitement est l’application d’une résine de polymère, connue sous le nom de résine d’Ercosett. Lorsqu’un film de résine est déposé sur les fibres de laine, la structure des écailles de celle-ci est masquée, complétement aplanie. De très nombreux polymères ont été appliqués au traitement superwash dans le but d’améliorer sa résistance au rétrécissement. Certaines méthodes ont consisté à former directement le polymère sur la surface de la fibre, méthodes qui présentent l’inconvénient de provoquer un grand nombre de liaisons entre les différentes fibres. Des techniques plus récentes ont consisté à appliquer sur la laine des polymères préformés dans le but de maintenir le polymère sur la fibre. Le brevet GB-A-2017179 (déposé par Hercules) décrit l’utilisation d’un produit de condensation acide adipique-diéthylène-triamine-épichlorhydrique-. Ces polymères doivent posséder un certain nombre de qualités et en particulier il doivent présenter une résistance à 30 degrés au lavage, au séchage et en permanence lors de la simple utilisation de la fibre sur laquelle ils sont appliqués (solidité au frottement, à la sueur, à la lumière). Ils doivent, en outre, ne pas altérer la qualité intrinsèque de la laine lors de leur application. Pour que le traitement soit efficace, il est nécessaire d’utiliser des co-polymères de méthacrylates de N-alkylazétidine sous forme de latex dont les microparticules offrent une structure particulière.
Le procédé de kroy-ercosett
Le procédé de Kroy Ercosett consiste lui à combiner le pré-chlorage à l’application de la résine de polymère. Il en résulte un fil très rond, non gonflant et plus fin qu’un fil classique. Aussi lors de la teinture, les pigments se fixeront plus rapidement pendant la phase de cuisson. Après l’étape de pré-chlorage, l’étape suivante consiste à déchlorer la laine. Ce déchlorage est effectué à un pH de 8,5 à 9,5 et à une température de 20 à 35 °C grâce à une solution de bisulfite de sodium. Cette opération améliore l’effet superwash et éclaircit la laine qui sera ensuite rincée à 20-35°C puis traitée avec la résine d’Ercosett.
Jeni & Andi, de l’équipe de Chester Wool –société qui fournit une majorité écrasante des teinturières -, m’informe qu’ils utilisent le procédé de Kroy-Ercosett, comme la plus part des fournisseurs de laine aujourd’hui. C’est avec leur aimable autorisation que je vous transmet leurs réponses à mes questions et de façons plus larges leurs propos.
-Hi Jeni, could you tell me more about the superwash treatment you use? I’m writting an article in order to answer the more specificaly to customer and also dyers questions.
Jeni: “I just visited our superwash plant yesterday because I wanted to research this more so we were able to give customers more information, mainly because there is a tonne of incorrect blog posts about Superwash treatments, and we get alot of questions about it.I am going to be writing a full blog post shortly but I need to make sure all my information is absolutely correct first, I will let you know once I’ve finished that, I will be publishing it this week. I do want to emphasise, that although some of the sounds of the processes for superwash sound horrible, they are infact done to an extremely high standard, and are very safe. Any superwash you find will have both the Chlorine wash first and then the Polymer second, the issues are not really these processes but the regulations around them. In the UK, Europe and South America the regulations are so high that the water expelled into the water system is better than the water you get from a tap, this is not the same in other parts of the world however where the regulations are alot less strict and cause alot of pollution issues, we only buy superwash which has the high regulations. When sheep fleeces are washed/scoured and treated it uses water and chemicals, to clean them (detergents) and superwash them (chlorine and Hercosett resin) .This uses water + chemicals. Once the wool has been washed and treated the wool must be safe to use (i.e no chemical residues left) and also the effluent (waste water) that has been used must be perfectly clean before it is allowed to be poured away into the water system. It is the same as when you dye wool, once you have finished you have to make sure that your water you pour down the drain does not contain metals if you are natural dyeing, because it can be harmful.In the places we get our wools made and processed the waste water has to be drinkable, it contains less chlorine than the water you drink (i.e. very clean) this is because the regulations are very high and the chemicals must not be discharged into the water system. In some other countries these standards are not as high, and the water can be discharged straight into the water system and is poisonous, we do NOT source from any places where this happens. I will explain more about the exact superwash treatment later, but I need to wait for one more piece of information. But I need to say, after my visit yesterday to the superwash place, I was very pleased with what they explained and the processes they used, its very safe and there are no negative effects for the environment “.
-Do you use softener post superwash treatment?
Jeni: “No; never!”
-Which temperature the treatement can handle?
Jeni: “In theory 40 degre. But, we always prefer to say wash at 30 degree”
– Ok, but isn’t it a risk while dyeing at 80/90 degree to damage the yarn?
Jeni: “No its fine. It’s the agitation in the washing machine that’s the main problem Hand dying is just fine.
– In the future, may be next year, I’d like to visit farms, to meet the farmers, see the animals and how they are treated, first in Peru or Argentina and then in Fakland island (from where I also use yarn) to write an article about that. It is possible?
Jeni: “Yes absolutely! Peru is amazing !”
Traduction:
– Salut Jeni, peux-tu m’en dire plus sur les traitements superwash que Chester Wool utilise? J’écris un article sur ce sujet, afin de répondre le plus précisément possible aux clientes et teinturières.
Jeni: “J’ai visité hier notre lieux de traitement superwash parce que je voulais faire des recherches plus approfondies sur ce traitement afin d’être plus à même de donner des informations à nos clients, cela majoritairement parce qu’il existe des tonnes de blogs diffusant des informations erronées à ce sujet. Je vais bientôt écrire un article complet mais j’ai besoin de vérifier que les informations que j’ai sont absolument correctes. Je te ferai savoir quand j’ai finit et je publierai cette semaine.
Ce que je veux mettre en lumière c’est que malgré l’aspect négatif des procédés de traitement superwash, ils sont en réalités sujet à des standards de réglementation extrêmement hauts. De nos jours, tous les traitements superwash utilisent un lavage au chlore en premier puis la résine de polymère en second. Le problème n’est pas tant le traitement en soit mais les réglementations qui vont autour. En Europe et en Afrique du Sud, ces réglementations sont tellement exigeantes que les eaux rejetées sont encore plus propre que l’eau que tu as au robinet. Cependant il n’en est pas ainsi dans d’autres pays ou les réglementations sont bien moins regardantes et strictes en matière de pollution. Chez Chester Wool, nous n’avons recours qu’à un traitement superwash répondant aux réglementations les plus hautes.
Lorsque la laine est lavée (avec détergents) , décapée, traitée superwash cela utilise de l’eau et des traitement chimiques. Une fois que la laine a été lavée et traitée elle ne doit plus contenir de matières toxiques de sorte qu’elle soit complétement saine à utiliser, mais également que les eaux usées ne rejettent pas de déchets toxiques. Ainsi les eaux sont parfaitement neutralisées avant d’être évacuées. C’est le même principe lorsque tu teins de la laine avec des végétaux: il faut s’assurer que les eaux rejetées ne contiennent pas de métaux lourds (ndlr ou avec certaine teintures chimiques également!).En clair, l’eau que nous rejetons post-traitement doit pouvoir être bue et elle contient en définitive moins de chlore que celle que ton eau potable contient. Les réglementations sont très strictes à ce sujet . Dans d’autres pays, elles ne le sont pas autant et les eaux usées relâchées n’ont pas à être neutralisées: nous NE NOUS FOURNISSONS PAS à partir de pays ou cela est autorisé. Je développerait le traitement plus en détail ultérieurement, j’attends de plus amples informations à ce sujet. Mais, je dois dire qu’apèrs ma visite d’hier à l’endroit ou est realisé le traitement superwash, j’étais assez contente de toutes ces explications concernant les procédés utilisés car il n’y a pas d’effet nefastes sur l’environnement.
– Est ce que Chester Wool utilise des adoucissants post traitement superwash?
Jeni: ” non, jamais!“
– Quelle température peut supporter le traitement?
Andi: “jusqu’a 40 degré en théorie, mais généralement nous préférons conseiller le lavage à 30 degrés.
– Ok, mais en teignant à 80/90 degré, il n’y a pas de risques que cela endommage le traitement?
Andi: Non, le problème majeur est le mouvement en machine. En teignant, il n’y a pas de soucis.
– Prochainement , j’aimerai visiter des fermes dans lesquelles vous vous approvisionnez pour rencontrer les éleveurs, voir les animaux, soit au Pérou soit en Argentine puis ensuite aux Iles Malouines (mon second fournisseur) pour écrire un article à ce sujet, est ce que c’est possible?
Jeni: ” Bien sur ! Le Pérou est en plus un pays fantastique!”.
Ce qu’il faut retenir est que LE problème ici est le traitement des eaux usagées ainsi que les réglementations des différents pays dans lesquels vous vous fournissez. Ainsi, tout les fournisseurs anglais ne sont pas “clean” pour la simple raison que certains utilisent une fibre traitée dans des pays dans lesquels les standards de réglementations laissent à désirer. Le meilleur à faire? RENSEIGNEZ VOUS auprès de vos fournisseurs respectifs pour savoir d’où vient la laine que vous allez teindre, quel pays, quel traitement, quelle réglementation.
Big Bad yarn, superwash ou pas?
Les laines Big Bad Yarn proviennent de deux fournisseurs différents:
- La merinos des îles Malouines est une laine non traitée superwash.
- Toutes les autres laines que je vous propose (comme la HAPPY FEET hight twist etc..) sont des laines provenant de Chester Wool.
Vous pouvez aisément distinguer les deux en consultant la page des bases: un pictogramme distingue les laines superwash des laines non superwash et lorsqu’il s’agit de laine des îles Malouines je l’écris explicitement.
Lavable en machine à 30 degrés (superwash).
Lavage à la main (non traité superwash).
Ultérieurement je vous rédigerait un article au sujet des réglementations encadrant le traitement superwash dans les autres pays. Cela nécessite des recherches plus approfondie et prendra un peu de temps.
Dans le prochain article, Quenouille et Mousseline, de la marque éponyme nous parlera de la teinture de fibre.
Sources
- Discussion avec Jeni & Andi, Chesterwool.
- Lion Brand “Whats is superwash wool? “.
- The pruce crafts “Machine washable & superwash wool “.
- Wikipédia “Wool “.
- The Wool Mark .
- “Principle of textil finishing” , Asim Kumar Roy Choudhury,p.424 (2017).
- Jstage “Morphological analysis of shrinkproof fiber by SEM”.
- K. R. Makinson, “Surface Characteristics of Fibers and Textiles Part I” (M. Schick, Ed.), Marcel Dekker, p.110-164 (1975)
- Fascicule de brevet Européen, Office Européen des brevets Composition du traitement anti feutrant de la laine
Bonjour bravo pour cet article complet et intéressant. Bonne journée ????????? francine
Merci Francine, excellent journée également.
Super intéressant ! Merci beaucoup !
Un grand merci pour cet article plus que complet, tes posts sont toujours aussi intéressants ?❤️?
Merci! C’est un gros travail de recherche, mais c’est effectivement très interessant à faire, d’autant plus lorsque j’ai de chouettes interlocuteurs qui prennent le temps de répondre à mes questions !
Wahouuu ! Bravo cet article est super précis techniquement et très documenté ! J’ai appris plein de choses . Merci pour tout ton travail pour cet article . ?
Merci beaucoup pour ce travail considérable. J’ai appris énormément.
Avec grand plaisir !
Merci beaucoup pour ce travail ! J’ai trouvé ça très intéressant et instructif.
Merci pour cet article. Je le trouve d’une très grande utilité et tu as fait un beau travail de recherche. ?
Bonjour, merci pour ce chouette article instructif. Juste une question : conseilleriez-vous de faire essorer en machine un tricot non superwash (deja bloqué), après un lavage à la la main ?
Merci d’avance.
Bonsoir Lucie,
J’essore tout mes tricots sw ou non sw en machine et je n’ai jamais eu aucun soucis.
Imogène